Ouvre monstre, effectif immense. qui aurait cru, à sa création à Boston en 1949 sous la direction de Leonard Bernstein, que la Turangalîla-Symphonie deviendrait un classique ? Au sujet de cette symphonie en dix mouvements au titre énigmatique, Messiaen disait : "Du poème symphonique, l'oeuvre emprunte dans une certaine mesure [.] le caractère narratif. C'est une version symphonique du mythe de Tristan et Iseult. Son titre à lui seul fouette l'imagination de l'auditeur. Turangalîla, mot d'origine sanskrite, signifie 'chant d'amour', 'hymne à la joie', 'temps', 'mouvement', 'rythme', 'vie' et 'mort'." L'oeuvre est donc dédiée à "l'amour fatal, irrésistible, qui transcende tout, qui supprime tout hors de lui, qui, en principe, conduit à la mort et dans une certaine mesure appelle la mort, car c'est un amour qui dépasse le corps, qui dépasse même les données de l'esprit et s'agrandit à l'échelle cosmique". "Un très grand amour est un reflet, un pâle reflet néanmoins un reflet du seul véritable amour, l'amour divin". Virtuosité rythmique En plus d'un large orchestre, la Turangalîla-Symphonie nécessite la présence d'ondes Martenot - un clavier doté d'un ruban électromagnétique aux sonorités nouvelles pour l'année 1949 et à la flexibilité proche de la voix. Quant à la partie de piano solo, elle revêt une telle importance que son exécution réclame un virtuose. Esa-Pekka Salonen s'entoure ainsi de musiciens d'exception : le pianiste Bertrand Chamayou et l'instrumentiste Nathalie Forget aux ondes Martenot. Devenue l'oeuvre emblématique d'Olivier Messiaen, la Turangalîla-Symphonie est un passage obligé pour tous les grands orchestres du monde. La partition la plus folle et accessible du XXe siècle, d'une virtuosité rythmique et d'une profusion de couleurs inouïes, continue de soulever l'enthousiasme. Concert filmé le 14 septembre 2022 à la Philharmonie de Paris. Réalisateur: Isabelle Julien (2022)